Épisode 132 : La famille avant tout

À la maison, les enfants grandissaient de plus en plus tous les jours. Wyatt savait maintenant parler, tandis que Charlotte courrait dans la maison. Noémie adorait les voir grandir et elle les gâtait énormément. Tori, Cassandra et Kacey n'étaient pas épargnées par leur grand-maman gâteau non plus. Gwen en était même légèrement agacé, mais il ne fallait pas lui en vouloir. Avoir un légacy tenait énormément à coeur à la fondatrice Watts.

Cette journée-là, le soleil était la bienvenue à Sunlit Tides et les grands-parents avaient promis à leurs enfants et petit-enfants une belle journée à l'extérieur, ce qui plaisait bien aux deux plus jeunes.

Comme d'habitude, c'est Noémie qui se chargea du repas, il était hors de question qu'ils mangent de vulgaires hot-dog ou hamburger, non, pour cette journée, c'était saumon grillé avec une sauce aux agrumes et une salade épicée. Brandon adorait voir sa femme cuisiner, même s'il aimait bien s'occuper du barbecue, lorsque Noémie cuisinait, elle rayonnait, quelque chose qui lui manquait depuis un petit bout de temps.

- Ma chérie, tu ne veux pas que je prenne la relève ? Tu sembles épuisée.

- Non, ça va, tu sais où sont les enfants ?

- Daisy est chez Vincent et Gwen, ils avaient un rendez-vous chez le médecin et...

- Chez le médecin ? Est-ce que nous allons être grands-parents à nouveau ?

- Non, je ne pense pas, au contraire, je crois que c'était pour ajuster leur contraception, donc je disais, Daisy est chez Vincent et Gwen, Caleb est avec les jumeaux et Loïc, comme d'habitude...

- Dans sa chambre...

La vieille femme soupira tout en terminant de cuire le repas, qu'elle déposa sur la table de pique-nique.

- Je ne sais vraiment plus quoi faire avec lui... On dirait que tous nos efforts sont vains ! Et ce n'est pas comme si nous n'avions pas essayé...

- Je crois qu'il est dans sa bulle et qu'il a besoin de comprendre des choses par lui même, c'est tout.

Noémie acquiesça, quoique toujours incertaine. Elle aimait ses enfants à parts égales, mais elle ne pouvait pas nier que son dernier fils lui donnait du tort. Même s'il avait une grande différence d'âge d'avec ses aînés, un tel comportement était inacceptable. 

- C'est son anniversaire demain, il va devenir un adulte, on pourrait lui faire une surprise un peu spéciale pour lui, lui montrer qu'on tient à lui, contrairement à ce qu'il pense.

- Je crois que Daisy avait déjà prévu une surprise pour lui demain soir.

Soudain, Noémie regarda son assiette, prise d'un léger malaise. Brandon paniqua et mit sa main dans le dos de sa femme, croyant qu'elle était en train de s'étouffer.

- Noémie ? Noémie !

Elle respira à nouveau et rassura son époux.

- Ça va Brandon, ça va, c'est peut-être un simple coup de chaleur...

- Je crois que tu devrais rentrer, tu sembles mal en point. Tu dois vraiment arrêter de tout faire.

- Voyons, est-ce que tu penses que je suis à l'article de la mort ? Je vais avoir 70 ans dans six mois, laisse-moi une petite chance. De toute façon, je ne permettrais pas à la vie de m'empêcher de voir mon héritière devenir au moins une adolescente.

Noémie fit un sourire à son mari tout en allant porter son assiette à l'intérieur.

Pendant ce temps, Caleb jouait dans la cour avec les jumeaux. Wyatt était accro à sa peluche, alors le jeune papa pris le temps de jouer avec sa fille sur le petit hippocampe sur lequel aimait tant jouer Loïc il y a ce qui semblait une éternité. 

- Papa ! Enyore !

- Mais oui, ma puce, bouge, tu es capable toute seule, vas-y.

- Wiiiii !

Caleb souriait à la scène, Charlotte était une petite fille pleine de vie qui semblait avoir un don naturel pour tout ce qui était relié aux chevaux. Dès qu'on l'a mettait sur une bascule, elle arrivait à faire bouger l'engin, et ce depuis qu'elle est bébé. Daisy rigolait souvent en disant qu'ils avaient fait une future cavalière, son fiancé lui en était certain, en fait, il ne serait pas étonné du tout de voir leur fille devenir une éleveuse de chevaux. 

Après le repas, Noémie s'isola un moment. Ses yeux étaient plongés sur l'horizon où les petites vagues devenaient des grosses vagues et redevenaient plus petites, où à certains endroits, l'eau était plate, si calme et si infinie. Elle avait été incapable d'affronter ce qui l'attendait, de n’en parler à personne, elle voulait garder ses plus beaux souvenirs avant la fin. Car oui, la fin arrivait et elle la sentait venir de plus en plus tous les jours. Elle était épuisée, ses muscles ne la suivaient plus. Tous ces stress vécus lors de sa vie avaient fini par atteindre sa santé. Elle ne voulait pas inquiéter son mari ni ses enfants. Le jour où elle s'en irait, elle s'en irait, mais pour l'instant elle était là et elle savourait chaque moment comme si c'était le dernier.

Elle prit un instant pour se remémorer ses succès :

Elle avait entrepris de ne vivre à partir de rien, de refaire sa vie à l'ombre de tous.

De trouver l'amour chez un homme extraordinaire qu'elle a épousé et avec qui elle a fait une vie heureuse et remplie.

D'avoir une excellente carrière renommée partout dans le monde et avait également ouvert deux restaurants, même si l'un deux avait explosé avec la ville dans lequel il était installé.

Son aîné est marié à une merveilleuse femme et il est père de trois adorables petites filles.

Son unique fille est fiancée à un homme honnête et brave et ensemble, ils ont deux magnifiques enfants, dont une qui sera l'héritière de son nom et de tout son travail.

Son petit dernier, même s'il est perdu pour le moment, prend le chemin vers la science pour devenir un grand scientifique. Elle lui voit un très grand avenir.

Elle aimerait tant voir ses petits-enfants grandir, voire si Vincent aura un autre enfant, peut-être même Daisy, voir les enfants de Loïc, mais elle sait bien que la vie a d'autres plans pour elle. Elle les accepte. Elle se retourna pour voir sa maison, oui, elle était prête à laisser le flambeau à ses proches et à s'en aller en paix. Son chemin était fait.

Le lendemain matin, Loïc s’était bien réveillé, c'était son anniversaire aujourd'hui, il avait 21 ans. Sa soeur allait l'amener magasiner après le boulot pour qu'il puisse s'acheter de nouveaux vêtements à sa taille, mais en attendant, sa routine devait se faire comme à l'habitude. Il nourrit ses poissons, pris son linge, alla dans la douche et se prépara pour sa journée. Lorsqu'il revint dans sa chambre, un bip retentit derrière lui. Surpris, il se dirigea vers son ordinateur.

Lorsqu'il vit une bulle de conversation affichée dans le bas de la page, il fut assez curieux pour aller l'ouvrir. C'était Skype. La dernière fois qu'il l'avait utilisé, c'était avec son ex, Cécilia. Il l'ouvrit et se rendit compte que c'était bien elle qui lui avait envoyé un message.

- Allo Loïc. Je sais que tu risques d'être surpris de voir ce message, mais... c'est ton anniversaire. Oh combien de fois t'ai-je entendu parler de ton 21e anniversaire ? Le voici. J'espère que tu passeras une belle journée avec tes proches. Donc... Joyeux anniversaire.

À l'intérieur de lui, tout remuait. De simples mots, pour lui, par elle, faisaient en sorte de jouer avec ces émotions. Il hésitait à lui répondre ou bien à supprimer le message, mais il ne pouvait pas nier ce qu'il ressentait en lisant ce message qui lui était adressé. Ça lui avait fait du bien, il se sentait heureux. Alors il décida de lui répondre.

- Oui, j'ai attendu longtemps et pourtant, je ne me sens pas si différent que ça... C'est drôle comment est fait la vie. En tout cas, merci beaucoup.

Soudain, il l'a vit se connecter et une bulle avec trois petits points afficha, puis disparu et afficha à nouveau. Deux petits mots affichèrent ensuite.

- De rien.

Deux petits mots et puis plus rien. Loïc se laissa tomber le dos sur la chaise.

En regardant l'écran et cette date qui lui appartenait, ainsi qu'à plein d'autres personnes, une réalité le frappa de plein fouet. Une réalité que sa fratrie avait tant essayé de lui expliquer : Ce n'était pas l'âge qui créait une personne, mais ses choix. Qu'est-ce qu'il avait été con ! Il pouvait bien ne pas se sentir différent ! Il n'avait rien fait de différent ! Il restait toujours le petit enfant immature qu'il avait été pendant des années... Comment pouvait-il s'attendre à ce que sa famille le considère comme un adulte si lui même était incapable d'agir comme tel ? 

Il regarda son écran et pris ses couilles dans ses mains et serra fort. Il était temps qu'il se bouge.

- Cécilia ?

Après quelques secondes, des bulles apparurent, ce qui soulagea le jeune homme.

- Oui ?

- Je crois qu'on doit parler.

Dans cette matinée, Noémie c'était levée fatiguée, mais malgré tout, elle se leva et fit sa routine comme tout le monde. Brandon voyait bien qu'elle était épuisée, alors il décida de laisser Daisy s'occuper de Loïc, pendant qu'il s'occupait de sa femme. Ensemble, ils allèrent s'asseoir dans le salon pour écouter un film romantique en amoureux, ce qui fit plaisir à Noémie.

- On dirait que ça fait une éternité que nous n'avons pas fait ça...

- Je voulais te faire plaisir

La femme lui fit un sourire sincère et l'embrassa de tout son amour. C'est ce genre de moment qu'elle voulait garder en tête.

Plus tard dans la journée, Caleb décida de s'occuper de ses petites montres, dont une qui avait décidé de jouer à se déguiser. Il fut bien heureux de la voir enfiler un costume de Superman, dans son cas, Superwoman, mais l'instant de jeu ne durant pas longtemps, parce qu'à force de courir partout comme une enfant ayant avalé 5kg de sucre, elle finit par tomber de fatigue et il était à peine midi. Tant mieux, sa sieste allait durer plus longtemps !

Caleb soupira et monta à l'étage s'occuper de son fils qui criait si fort qu'ils devaient l'entendre jusqu'en Chine.

Plus tard dans la journée, Daisy arriva du travail et se dépêcha à se changer pour partir avec Loïc pendant que Caleb finissait les préparatifs de la surprise. Mais qu'est-ce qui arrive lorsque l'on se dépêche ? On se mêle et on a de la difficulté. Ainsi, après avoir "pogné les nerfs" sur la commode de chambre, la jeune femme finit les fesses sur le plancher de sa chambre sous le rire de son fiancé qui venait d'entrer dans la chambre. Elle lui jeta un regard noir avant de se relever et de prendre son linge.

Finalement préparée, elle prit un instant pour se remémorer tout ce qu'elle avait à faire avant de partir, mais Caleb la héla.

- Bébé...

- Hum ? Je réfléchis Caleb.

- Tu es une femme, tu peux faire deux choses en même temps, j'ai une question.

- Quoi ?

- La fête... Tu... enfin, tu as invité... tu-sais-qui ?

Daisy se retourna, ne comprenant pas de quoi il parlait. Pour elle, le seul "tu-sais-qui" c'était Voldemort.

- Tu sais... Cécilia.

- Oh !

7

Daisy s'approcha de son fiancé en secouant la tête.

- Je l'ai invitée, mais elle ne viendra pas, elle me l'a dit hier. 

- Dommage...

- Je ne peux pas faire grand-chose.

La jeune femme déposa un baiser sur les lèvres de son copain, lorsque soudain un cri résonant, un cri puissant et guttural, comme si la fin du monde venait d'arriver à cet instant précis.