Épisode 65 : Pour nous, pour eux

Quelques jours plus tard, Vincent était dans la douche après un entraînement intensif dans la salle du rez-de-chaussée. Soudain, quelqu'un tambourina à la porte sévèrement.

- Vincent ?! As-tu bientôt fini ?

- Euh... ouais ?

- Dépêche-toi !

L'adolescent se retourna vers la porte, surpris d'entendre de la colère dans la voix de son père. Il se rinça rapidement, s'enroula d'une serviette et s'habilla à la quatrième vitesse. Il fit savoir à son père qu'il pouvait entrer. Celui-ci entra l'air mécontent. 

Vincent regarda son père avec un regard d'incompréhension. Il ne comprenait pas pourquoi celui-ci lui en voulait, il n'avait rien fait de mal à sa connaissance.

- Tu es sorti hier n'est-ce pas ?

- Ouais ? Je suis allé chez Gwen.

- Hum, hum et tu as demandé la permission pour prendre la voiture ?

Le jeune homme haussa un sourcil et croisa les bras.

- Bien sur que oui, je ne suis pas con, j'ai d'mandé à m'man quand elle est revenue de chez tante Béa.

- Oui, à ta mère, bien sur, donc logiquement tu aurais pu prendre sa voiture.

Vincent soupira et leva les yeux au ciel.

- C'est quoi la différence ?

- La différence c'est que j'avais une promotion pour mon livre ce matin à Hidden Spring et quand j'ai voulu démarrer la voiture, il n'y avait plus d'essence. 

- Oh merde !

- Merde vraiment ! Je suis arrivé en retard de deux heures à ma propre promotion, parce que ta mère était sortie avec la voiture et que j'ai dû prendre un taxi qui m'a couté 250 beau simflouz.

Son père le regarda avec des yeux méchants, les bras sur les hanches, tandis que Vincent se mordait la lèvre de regret.

- T'es privé de sortie jusqu'à la fin de la semaine.

- Quoi ! Mais papa ! C'est le party chez Jean-Seb' en fin de semaine, je l'attend depuis 3 semaines ! Tu peux pas me faire ça ?!

- Tu apprendras à être responsable et ne pas penser qu'à ton nombril, Vincent, maintenant va faire tes devoirs.

- Putain !

- Et surveille ton langage si tu n'as pas envie que je prolonge la punition jusqu'à l'anniversaire de ta soeur !

Vincent entra en trombe dans sa chambre, frustré. Il n'avait pas fait exprès, mais il comprenait que cette erreur avait causé des problèmes à son père. Il prit son cellulaire et texta Gwen.

"Adios le party..."

"Quoi ? Pourquoi ?"

"Mon père est en rogne à cause de la voiture, j'ai pas mit d'essence dedans et il est arrivé en retard à sa promo de livre..."

"Oh merde..."

"C'est le cas de le dire... S'pas grave, J-S comprendras, je l'espère..."

"Ouais, sinon il est con. J'dois y aller mon coeur, ma mère m'appelle. Je t'<3"

"Moi'ssi"

Le jeune homme se laissa tomber sur son lit, le bras sur le visage, dans un soupir sonore.

Alors que Brandon rageait contre son fils, que celui-ci déprimait dans sa chambre, que Daisy était à ses cours de danse, Noémie profitait du temps pour apprendre le langage à son fils, ce qui n'était pas chose facile, celui-ci étant aussi têtu que sa mère.

- Coco, il faut dire "jouet", pas "Zouet".

- Zouet !

- Presque mon poussin, il manque le J, écoute maman. J.

- Zi ! Zii ! Zouet ! 

- Loïc... 

Celui-ci restait obstiné à ne pas prononcer les bonnes lettres. La pédiatre avait dit à Noémie que c'était voulu de sa part et non pas un retard psychologique dû à l'accouchement précoce. Soudain, la jeune femme ressenti une douleur dans le dos et elle soupira. Elle tira son chandail vers le bas, mais celui-ci commençait déjà à être serré. Elle prit son fils dans ses bras, le mit dans son parc à jouet et alla dans la chambre.

Pendant ce temps, Vincent était descendu en bas pour fouiller dans le journal. Il avait besoin d'un article pour un de ses cours et il devait bien trouver. 

- Que des conneries... on dirait que les médias prennent les gens pour des cons.

Il tourna les pages, quand soudain il tomba sur un article qui lui tomba dans l'oeil.

Après la découverte de l'identité de Holly Alto, Vita Alto avait prit en charge des mesures afin d'enlevée sa fille, qui a changé d'identité, de son testament. "Elle ne mérite aucunement ce pour quoi nous avons travaillé. Elle n'a pensé qu'à elle en changeant de villes et en épousant son écrivain de petit-copain. Elle ne veux pas que nous fassions partie de sa vie et de ses enfants, elle ne fera pas partie de la mienne." expliqua la veuve au journal. Alors que son mari, mort d'un arrêt cardiaque à cause de la découverte du secret de sa fille, n'est plus en état de dirigé l'entreprise Alto, c'est sa femme qui reprendras le flambeau, sans n'en "laisser une miette" à leur fille.

Vincent arrêta sa lecture, même si l'article n'était pas terminé. Ils ne disaient pas qui était leur fille, heureusement pour eux, mais le jeune homme savait qu'ils parlaient de leur mère. Il voyait à travers ces mots que sa grand-mère maternelle ne portait pas plus attention à sa fille qu'un ours devant une salade. Comme quoi un chéquier est dix fois plus important dans certaines tête. Il déchira l'article et monta à l'étage continuer son devoir.

Noémie c'était changée après la mésaventure du chandail trop serré et était aller prendre l'air sur leur balcon. Brandon revenait de faire des courses lorsqu'il vit son épouse. Il alla la rejoindre sans attendre, heureux de pouvoir passer du temps avec elle, Loïc faisant la sieste. Celle-ci lisait un livre sur les danger de la grossesses après 40 ans. Lorsque son mari ouvrit la porte, elle déposa le livre, qu'il regarda avec inquiétude.

- Noémie ?

Celle-ci regarda son époux et il comprit aussitôt. Il se frotta les yeux et soupira avant d'aller s'asseoir près de sa femme.

- Depuis quand ?

- 11 semaines.

Brandon se mit à jouer avec sa barbe, regardant le livre sans sourciller.

Noémie regarda en bas et les paysage autour d'elle, tandis que son mari finit par se retourner vers elle.

- Tu sembles... inquiète... aucunement heureuse en fait.

- J'ai peur Brandon. Je... je ne sais pas si c'est une bonne idée ?

L'homme froncis les sourcils, ne comprenant pas où son épouse voulait en venir.

- Vincent atteindra la majorité bientôt, Daisy va avoir 16 ans dans trois semaines, Loïc n'a que cinq ans... Déjà que je trouvais que Loïc et Vincent avaient une grande différence d'âge, tu imagine ce bébé ? Il aura 18 ans de différence avec notre aîné... 18 ans ! Tu avais qu'un an de plus lorsqu'il est né, tu imagine ce bébé être tante ou oncle à cinq ans ? De plus... on vieillit... Je vieillit Brandon. Je veux atteindre le sommet de ma carrière, vivre mes rêves, voir mes enfants grandir avec tout l'amour que j'ai a leur donné. Je n'en peux plus des couches, des jouets pour enfant, des berceaux et des nuits courtes. 

- Donc tu ne veux pas de ce quatrième enfant.

La jeune femme essuya une larme et secoua la tête. Son mari soupira et regarda par la porte vitrée la chambre de leur fille. Il finit par se retourner à fixer sa femme.

- Brandon ?

L'homme soupira et se frotta les yeux à nouveau.

- Que veux-tu que je te dise Noémie ?

- Je ne veux pas que tu m'en veuille ! Je veux prendre cette décision avec toi, mais je veux que tu prenne conscience que je suis épuisée et que je n'ai plus la force d'antan pour élevé un enfant, un enfant qui risque d'être rejeté, un enfant qui risque d'être de trop, un enfant que j'ai peur de ne pas aimer assez comme les trois autres, un enfants qui ne mérite pas d'être malheureux à cause de mon égoïsme.

- Tu pense vraiment ce que tu dis ? Qu'on n'aimera pas ce bébé ?

- Je ne dis pas qu'on ne l'aimera pas, je dis simplement que moi, j'ai peur de ne pas l'aimer à part égale, déjà que j'ai l'impression de ne pas aimer Loïc comme j'ai aimé Vincent et Daisy.

Brandon baissa la tête et passa sa main dans ses cheveux. De son autre main, il prit la main de sa femme dans la sienne.

Noémie fixa son époux qui se mit à regarder l'orchidée devant eux, perdu dans ses pensées.

- Je t'aime et... je vais t'aimer malgré ton choix.

Il se retourna vers sa femme avec un sourire triste.

- Noémie. Je vois que ce bébé te rend malheureuse et je ne veux pas te voir malheureuse. Si tu as peur et si tu crois que cet enfant ne devrait pas être avec nous, alors qu'il en soit ainsi, je serais à tes côtés peut-importe. Tu m'as comblé de trois merveilleux enfants, alors que je me suis toujours dit que j'en aurais jamais. Trois enfants que j'aime plus que tout au monde, trois enfants intelligent et qui font de moi un homme heureux. Ce quatrième enfant est une surprise, mais il n'est peut-être pas à sa place avec nous.

- Brandon...

- J'ai toujours été contre l'avortement, mais on ne peux pas en vouloir à la nature. Ma vasectomie n'a simplement pas fonctionné comme prévu et je contacterais le docteur Spencer à la première occasion pour avoir un rendez-vous avec elle.

L'homme regarda son épouse dans les yeux et essuya une larme qui coulait. Il se pencha vers elle et l'embrassa sur les lèvres doucement.

Noémie poussa le livre, qui se trouvait sur la table basse, loin de sa vue avant de tirer sur son chandail.

- As-tu pris un rendez-vous ?

- Non.

- Veux-tu que j'appelle ?

La jeune femme le regarda reconnaissante et il passa l'appel rapidement avant de revenir s'asseoir.

- Demain après-midi ma puce...

- D'accord...

- Tu es certaine ?

Noémie hocha la tête, triste malgré tout.

- Veux-tu que je vienne ?

- Non. Je... Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Ne m'en veux pas.

Brandon lui fit un petit sourire et lui caressa la main.

- Non, ne t'en fait pas. J'irais chez ma mère voir ma soeur.

Ravie de se changement de sujet, Noémie prit des nouvelles de Katia et de son fils.

- Comment va-t-elle ? Et le petit Archie ?

- Bien, bien. Il a eu quatre ans il y a quelques semaines. Même si son métabolisme est ralenti à cause qu'il a hérité du gène fée de ma mère, il est adorable.

- Tu pourrais amené Loïc demain, ça lui ferait du bien de voir son cousin du même âge.

- Oui c'est une bonne idée.

- Mais... son état ? Je veux dire Katia ? Elle a fait une dépression post-partum, ce n'est pas rien... Surtout après toutes ces années...

Brandon soupira et secoua la tête.

- Elle prend toujours des médicaments, ma mère dit qu'elle s'occupe d'Archie au moins, mais que quelque chose cloche. Quelque chose dont ma soeur ne veux pas parler.

- Elle ne veux toujours pas dire qui est le père du petit ?

- Non. Elle dit qu'elle a coucher avec lui un soir de beuverie et qu'elle ne savait pas son nom.

- Étrange, ce n'est pas le genre de ta soeur pourtant.

- C'est ce qui m'inquiète, mais je ne veux pas la perturber.

Noémie hocha la tête et se cala dans les bras de son époux, la tête sur son épaule avant de s'endormir tendrement.

Le lendemain, vers midi trente, Noémie arriva à l'hopital de Sunset Valley pour son rendez-vous. Selon elle, ce fut la chose la plus difficile qu'elle est dû à faire dans toute sa vie.